Accueil Economie Industries manufacturières et investissement: Une relance certaine, quoique rude…

Industries manufacturières et investissement: Une relance certaine, quoique rude…

Tunisie Statistiques vient de publier les résultats du sondage semestriel sur l’investissement pour la deuxième moitié de l’année écoulée. Il s’agit d’un sondage effectué auprès des hauts responsables de 850 industries manufacturières dans l’optique de prendre connaissance, sur l’évaluation des professionnels, de l’état des lieux de l’investissement dans le secteur.

Le sondage s’inscrit dans la continuité d’une tradition établie par Tunisie Statistiques depuis 2001. Outre l’évaluation de l’état des lieux, ce travail permet  d’anticiper sur les estimations, voire sur les perspectives du semestre à venir.

Le solde d’opinions des responsables enquêtés dévoile une note d’optimisme, et ce, contrairement aux résultats obtenus suite au sondage relatif au premier semestre 2020. Cette lueur d’espoir n’empêche néanmoins pas d’avouer que la situation demeure bien en deçà des indicateurs enregistrés durant la période 2002/2020.

Investissement : 1%

En effet, selon les professionnels, le niveau d’investissement dans ce secteur a connu durant le dernier semestre de l’année écoulée une sensible amélioration vu qu’il est passé d’un taux négatif de -3% pour le premier semestre à un taux positif de 1%. Cet indicateur, quoique positif, n’exclut aucunement les inquiétudes amplement justifiées pour l’évolution de l’investissement dans un secteur stratégique aussi bien sur le plan de la production, des échanges commerciaux internationaux que sur le plan socioéconomique, sachant qu’il contribue largement à la lutte contre le chômage…

En revenant sur les indicateurs relevés depuis 2002, l’on constate la chute faramineuse du solde d’opinion sur l’investissement, observée en 2020. Depuis 2002 et jusqu’à 2019, les indicateurs tout comme les estimations n’ont jamais chuté à moins de 10%. L’année 2018 a même été marquée par des estimations ambitieuses de 29% et de 25% pour le premier et le deuxième semestres et par des indicateurs de 24% (pour le premier semestre) et de 21% (pour le deuxième). Manifestement, l’année 2020 —une année dominée par une crise pandémique mondiale aux répercussions socioéconomiques sans précédent— a donné un impitoyable coup de balai à l’investissement, en général, et à ce secteur en particulier.

Sensible amélioration

Conscients de l’épineuse situation économique, les professionnels sont persuadés que l’évolution de l’investissement dans leurs entreprises respectives serait loin de connaître un boom miraculeux. D’ailleurs, ils estiment qu’il ne dépasserait aucunement le taux de 1% pour le premier semestre 2021 alors qu’ils avaient signifié, au cours du premier semestre, leur espérance de voir ce taux se hisser à 13%. Dure conviction pour des professionnels qui ambitionnaient, en 2007, de voir ce taux grimper à 33%… certes ; néanmoins, la sensible amélioration des indicateurs promet une relance certaine, quoique rude. Et pour preuve : les résultats sur l’investissement dans les industries diverses sont passés de -17% (durant le premier semestre 2020) à -2% (durant le deuxième) ; de -7% à 2% pour l’industrie agroalimentaire et de -6% à 5% pour les industries mécanique et électrique.

En revanche, certaines filières ne sont pas parvenues à faire hisser le taux de l’investissement des entreprises. C’est le cas des industries des matériaux de construction, de la céramique et du verre qui ont vu le taux d’investissement régresser à seulement 6%, alors qu’il était de 17% durant le premier semestre 2020. Quant aux industries du textile et de l’habillement et celle chimique, elles tournent encore dans un cercle vicieux à dominante négative. Le taux d’investissement relatif au secteur du textile et de l’habillement est passé de -6% à -7% en 2020 ; celui de l’industrie chimique est passé de -7% à -5%.

2021 : estimations mitigées

S’agissant des estimations collectées via le solde d’opinions des responsables enquêtés pour le premier semestre 2021, les avis semblent mitigés entre optimisme et pessimisme. En effet, les professionnels anticipent sur une amélioration de l’investissement dans l’industrie des matériaux de construction, de la céramique et du verre à même de hisser pour passer de 3% à 18%.  De même pour les industries diverses qui verraient probablement les indicateurs d’investissement passer de -4% à 8%. Les estimations sont également positives pour le secteur des industries mécaniques et électriques (amélioration estimée de 5% à 10%). Pour le secteur du textile, de l’habillement ainsi que du cuir et des chaussures, les professionnels font preuve de pessimisme en dépit d’une amélioration plus que noble, soit de -24% à -1%.

L’investissement connaîtrait une décroissance pour l’agroalimentaire et pour l’industrie chimique. C’est du moins ce que supposent les professionnels pour le premier semestre 2021 avec des variations respectives de 21% à 4% et de 3% à -6%.

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